Sang-froid. En cette période de chaleurs et de pluies diluviennes, difficile de conserver le sien. Alors, partons à l’exploration. Au fil des continents, on cherche le dépassement de soi, la confrontation avec l'inconnu, l'impensable, l'insurmontable – et survivre, tenter de ne pas être emporté dans ce qui menace de tout emporter...
Le 31/05/2018 à 17:34 par Victor De Sepausy
Publié le :
31/05/2018 à 17:34
Cette semaine, dans Plein les poches, partons à l'aventure, par-delà les limites...
Ah, Andy Warhol... 15 minutes de gloire, pas une seconde de plus, mais le goût de la consécration qui vous reste en bouche. C’est ce dont Alvin avait toujours rêvé. Devenir Mr Alabama, les muscles, le sourire figé alors que tout le corps est contracté à mourir... Et cela, parce qu’avec un pareil titre, il s’ouvrirait les portes d’une nouvelle reconnaissance, à la télévision, voire au cinéma. Sinistre ? Pas que...
Mister Alabama, c’est la tentative désespérée pour accéder à un idéal : sculpter le corps, comme un morceau de marbre, stéroïde à l’appui pour dépasser les limites. Mais l’existence est loin d’être une partie de plaisir : quand la mort d’un ami ravive l’obsession, on plonge alors dans une dimension sombre, morbide. Le corps, oui, mais l’âme, qui la taillera ?
« Voilà, j’arrive dans un pays où les vaches se déguisent en chèvres, où l’on vend des flingues à la supérette, où l’on prend l’avion avec des guêtres. » Fantastique, non ? Autre lieu, glacial, givré même, et surtout, autre peuple. Ici, loin d’un Groenland d’igloos et de pêches après un joli trou fait dans la glace, c’est une confrontation parfois extrême qui se profile.
La majesté de Briser la glace réside dans ce regard qui ne cherche pas à comprendre pour mettre dans des cases : c’est une ouverture totale, sans jugement, qui constate. Un documentaire d’apprentissage, où chaque étape donne l’occasion d’apprendre et de découvrir. L’histoire d’un peuple, de ses traditions, de ses croyances – et d’une humanité qui fait face aux dégâts que ses semblables provoquent sur son environnement. Magnifique, et dérangeant... (retrouver l’interview de Julien Blanc-Gras)
Retour à des latitudes méditerranéennes : nous sommes quelques années après que l’Algérie a obtenu son indépendance – dans les circonstances douloureuses pour tous que l’on connaît. Heureusement, il reste le sport. Et plus encore, le Dieu Pelé, qui débarque avec l’équipe brésilienne, la Seleçao, pour un match amical. À Oran, l’effervescence gagne.
Ce 18 juin 1865, date historique pour la jeune nation qui encaisse une prévisible défaite, un adolescent observe les équipes. Une intensité débordante, alors que se trame une révolution. Le 20 juin 1865, un coup d’État frappe dans le pays, et Houari Boumédiène s’empare du pouvoir. Le jour où Pelé, ou comment la destinée d’un peuple bascule...
On connaît tant le film qu’on en a oublié le roman de Georges Arnaud, pourtant bien plus sombre encore. Direction l’Amérique latine, 1952 : des Européens ayant abandonné (parfois contraints) le Vieux Continent font les chauffeurs, pour différentes marchandises. Mais celle-ci sera des plus dangereuses : hautement explosive, la cargaison met en péril les hommes, à chaque instant.
Le salaire de la peur, probablement l’un des romans les plus terribles qui soient, dans la veine de La Condition humaine, pourtant terrible, de Malraux, plus sombre encore, plus implacable. C’est l’hécatombe méthodique pour les quatre chauffeurs, pour qui la route sera celle de toutes les terreurs. On frémit, on hallucine littéralement. Germinal, aux escoubilles !
Revenons à Paris, époque contemporaine, dans un univers tout aussi destructeur. À durée déterminée, c’est le slogan que toute une génération actuelle s’est vu imprimer sur le front, sans trop d’espoir d’effacer cette marque de la bête. Le capitalisme rugit, les entreprises siphonnent puis se débarrassent des corps. Discrètement.
Pourtant, Ophélie est décidée – déterminée, même ! – à obtenir ce pour quoi elle s’est battue : la volonté est un moteur puissant. De son côté, Samuel se retrouve dans la même société, presque par hasard. Paumé. Génération Y, voici ton manifeste. Méfiance...
Julien Blanc-Gras – Briser la glace – Livre de poche – 9782253071488 – 6,90 €
Phillip Quinn, trad. Fannny Wallendorf – Mister Alabama Morris – 10/18 – 9782264070197 – 8,10 €
Georges Arnaud – Le salaire de la peur – Pocket – 9782266288026 – 5,50 €
Abdelkader Djemai – Le jour où Pelé – Castor astral – 9791027801541 – 9,90 €
Samantha Bailly – À durée déterminée – Livre de poche – 9782253073239 – 7,90 €
Paru le 07/03/2018
192 pages
LGF/Le Livre de Poche
7,20 €
Paru le 01/03/2018
379 pages
10/18
8,10 €
Paru le 08/03/2018
176 pages
6,00 €
Paru le 15/03/2018
160 pages
Le Castor Astral
9,90 €
Paru le 07/03/2018
439 pages
LGF/Le Livre de Poche
7,90 €
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